Histoires de chats

Ma vie est parsemée d’empreintes de chats…

Depuis toujours, j’ai aimé les chats. Je les aime pour toujours.

Tout au long de ma vie, j’ai aimé et observé les chats. Qu’ils soient simples visiteurs ou compagnons destinés à rester plus longtemps, j’aime leurs caractères indépendants qui les poussent à ne s’attacher à une maison uniquement lorsqu’ils l’ont clairement décidé, distribuant leur affection auprès de personnes dument choisies . J’ai goûté la chance d’avoir été choisie par des chats uniques et bienveillants qui m’ont permis de traverser toutes mes épreuves en ne me sentant jamais seule. Comme le disait Freud « le temps passé avec un chat n’est jamais gaspillé ».

Enfant, j’ai appris à lire sous le regard attentif d’un gros chat tigré qui venait me chercher à la sortie de l’école. Il a veillé sur mes devoirs jusqu’à l’obtention d’un BAC Lettres et Arts.

Sab Muller enfance
1er chat = 1er amour

A 18 ans, un DEUG d’Arts plastiques me fait découvrir les techniques de modelage de la terre, je ne me séparerais jamais de cet acquis : esquisser la pièce sur papier pour en appréhender les volumes, monter les formes avec les techniques du colombin, affiner et sculpter les détails avec des outils spécifiques… Ma première pièce? : un chat, vous l’aurez deviné .

Mes études d’Architecte paysagiste et plus tard mon activité de concepteur paysagiste m’éloignent pendant un moment de la terre et de la sculpture. Ces années m’apprennent à poser mon regard, notamment à travers la pratique intensive de la photo et à renforcer mes méthodes et argumentaires de projet.

Une belle chatte noire et blanche m’a aimé de façon exclusive pendant cette période. Et quand je dis « exclusive » je ne mâche pas mes mots. Si Dominique, ma secrétaire de l’époque lisait ces lignes , elle témoignerais du caractère très affirmé de cette minette qui n’hésitait pas à la chasser de sa chaise de bureau quand je n’étais pas là et la traitait comme une parfaite intruse. Après mon divorce, cette peluche vivante est devenue le point de repère de mon fils, qui à l’age de 4 ans l’emmenait avec lui, en vacances chez son père. Mon bureau d’études de paysage avait 10 ans quand nous sommes partis tous les trois en Bretagne.

Je déménage mon activité en Bretagne et quelques années plus tard, c’est un chat noir très diplomate qui nous apprivoisait (et non ce n’est vraiment pas le contraire) mon fils et moi car il accompagnait un moustachu qui devint Notre moustachu , notre pilier et on comprit qu’il était, comme nous, fondamentalement un aimant à chat.

Ce chat noir , n’eut pas un accueil très chaleureux de notre minette possessive mais il passait outre son langage de charretier. Il était patient et conciliant avec ses congénères, extrêmement têtu avec ses humains qu’il aimait mener à la baguette. Il savait voyager dans n’importe qu’elles conditions, pouvait escalader n’importe qu’elle clôture même à l’age avancé de 18 ans, ses histoires alimenteront longtemps nos accès de nostalgie.

La mélancolie, c’est un chat perdu qu’on croit retrouvé.

Léo Férré

Perdue, nos recherches sont restées sans résultat lorsque notre minette, un jour, ne revint pas. Cette perte reste, pour moi, une plaie vive car , par coïncidence, elle correspond à la perte de mon père, à quelques jours près.

« Tu ne peux pas laisser ton fils pleurer sa minette trop longtemps », me dit un ami quelques semaines plus tard, » ma chatte a récupéré quatre chatons qu’on a jeté d’une voiture, viens prendre un café, tu pourras en choisir un! ». Il m’aurait été impossible de choisir cet après midi là. Une meute de chatons, plus beaux les uns que les autres, jouait devant nous. Un seul, m’a prêté attention, sortant du jeu un instant, il s’est approché d’un pas ferme et s’est roulé sur mon sac posé à mes pieds. Il m’avait choisi.

Ce chaton aux yeux dorés et à la robe évoquant le ‘petit Lu’, s’est révélé le chat le plus sociable qu’on ait jamais rencontré, que ce soit avec ses congénères (il adorait prendre la tête d’une meute formée avec tous les chats des voisins) ou avec les enfants dont il était fan. En vrai papa-poule, s’il entendait un bébé pleurer, il se précipitait pour lui faire des câlins et lui chatouiller le nez avec sa queue. Quand les enfants du quartier s’installaient sur le canapé pour commenter ‘Starwars’ à grands coups de sabres laser imaginaires, il s’installait parmi eux, trop content d’avoir des copains. Si mon fils était souffrant, il jouait les gardes malades avec beaucoup de tendresse. A cette époque, je passais beaucoup de temps derrière l’objectif de mon appareil photo et il va s’en dire que ce chat a beaucoup attiré mon attention tant il était expressif .

Un énième déménagement et la mort de son vieux compagnon noir… voilà notre crème de chat en pleine dépression. La solution s’est imposée à nous très vite : une petite bébé minette adoptée pour lui. Résultat : Il lui a tout appris et il fallait le voir , fier comme Artaban lorsqu’elle lui ramena sa première souris.

Aujourd’hui, ce bonheur jaune nous a quitté mais reste à jamais gravé dans mon cœur. Il m’a servit de modèle pour certains « kiminous » et je retrouve souvent son regard doux et ses traits lorsque je travaille mes chats ‘Motte’.

Son bébé minette est devenue comme la fourmi de La Fontaine : « pas prêteuse » . En plein deuil de ce chat inoubliable, voilà que débarque une petite chatte perdue qui investit la maison comme on enfonce une porte ! Comment résister, lorsque après un mois d’affichage et de recherches , personne ne se manifeste.

Parce que mes chats en savent très long sur ma vie, mes joies, mes épreuves, mes regrets et mes espoirs ; parce qu’ils définissent une grande partie de ma personnalité comme les propriétaires de chiens finissent par ressembler à leur compagnon ; parce qu’ils sont mes muses dans mon travail céramique, il était important pour moi de vous les présenter ici.

50 ans d’amour de chats , tous différents, tous uniques.

Mes muses d’hier et d’aujourd’hui.